Galerie Proustienne (2011)

Doué d’un sens aigu de l’observation, fasciné par les mouvements de la nature et par les variations du comportement humain, se jouant du temps et de sa mémoire, Marcel Proust épie, dissèque le cœur de ce « Grand monde » qui l’entoure, avec la précision scrupuleuse d’un entomologiste, au rythme de ses « intermittences », comme en témoigne le titre originellement choisi : « Les intermittences du cœur ».

Ses propres contradictions ne lui échappent pas : les vanités mondaines dont il ressent la vacuité et la sottise, lui sont indispensables.

Puis, avec les années, l’auteur se cloître. L’art, la solitude deviendront ses thèmes de prédilection. Hanté par la mort qui le talonne, l’homme de lettres se retire des frivolités pour consacrer toute son énergie à l’œuvre dont il se sent porteur, à l’idée de sa « Construction » qui ne le quitte plus. « Il me faudrait beaucoup de nuits, peut-être cent, peut-être mille … Ce serait un livre aussi long que les Mille et Une Nuits peut-être … ».

Il parviendra effectivement à mettre un point final à son édifice, mais l’œuvre n’en sera pas achevée pour autant : il n’aura pas eu le temps de travailler aux finitions des trois derniers tomes, dont la publication sera posthume.

Notre lecture-concert propose, par l’évocation de fragments de « La recherche », de redonner vie à quelques-uns de ses principaux personnages féminins, ainsi qu’à ceux qui les côtoient, de restituer une part de leur force tragi-comique et de la fascination qu’ils exercent sur l’auteur.

La musique y tiendra sa place, comme dans le roman et dans les salons de l’époque. Fauré, Franck, Debussy, Ravel, Chopin et, bien-sûr, Reynaldo Hahn, l’ami de cœur, accompagneront ce bref voyage.

Un voyage dont l’unique ambition est de faire partager la jubilation procurée par cette œuvre hors normes et d’inviter le spectateur à s’y plonger… ou à s’y replonger.